C’est la fin d’une affaire qui a enflammé le pays entre libéraux et conservateurs autour de la loi anti-blasphème. A cause d’un verre d’eau, cette paysanne pakistanaise était devenue, à l’été 2009, un symbole mondial de la lutte contre l’intolérance religieuse. Asia Bibi a été « acquittée de toutes les accusations », a déclaré le juge Saqib Nisar lors de l’énoncé du verdict à la Cour suprême ce mercredi 30 octobre 2018.

Son métier, c’est de récolter des baies dans les champs. Asia Bibi cueille les fruits à la main près de son village. C’est un travail pénible, le soleil tape fort, elle fait une pause pour avaler quelques gorgées d’eau. Elle ne le sait pas encore, mais ce geste anodin va se transformer en tempête politique et religieuse.

Que s’est-il vraiment passé ? On ne le saura jamais. Mais une dispute éclate entre Asia Bibi, la chrétienne, et les autres paysannes présentes ce jour-là qui sont musulmanes. « Comment oses-tu souiller l’eau du puit, on ne peut pas boire à la même source que toi. » Voilà l’objet du délit, le blasphème.

Asia Bibi est arrêtée, emprisonnée, accusée d’insultes envers le prophète Mahomet. Elle s’en est toujours défendue, mais un an plus tard, en première instance, elle est condamnée à mort.

C’est le début d’une longue bataille judiciaire et d’une saga qui va secouer le Pakistan parce que dans ce pays conservateur, prendre la défense d’Asia Bibi, c’est risquer sa vie.

En 2011, le puissant gouverneur de la région du Pendjab est ainsi assassiné par son propre garde du corps pour avoir dénoncé la loi anti-blasphème et demandé la clémence pour Asia Bibi.

Islamabad sous haute sécurité

Ce nouveau verdict pourrait susciter la fureur des milieux religieux fondamentalistes qui appelaient de longue date à l’exécution de la chrétienne. Des islamistes radicaux avaient ces dernières semaines menacé les juges statuant sur son cas en cas de jugement favorable.

Mercredi, la capitale Islamabad avait été placée sous haute sécurité, avec des barrages sur les routes notamment à proximité des quartiers où vivent les magistrats et la communauté diplomatique, a constaté l’AFP.

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