Plusieurs feux se sont déclarés dans le camp surpeuplé de migrants de Moria, sur l’île grecque de Lesbos. Une opération de sauvetage est en cours, alors que les migrants tentent de prendre la fuite.

« Des feux épars » ravagent la prairie « autour du camp mais aussi à l’intérieur » du camp de migrants de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, décrivent les pompiers mobilisés sur place mercredi 9 septembre. Le camp a « brûlé à 99 % et le feu continue », a alerté le président du syndicat des pompiers de Lesbos, interrogé mercredi matin, Yorgos Ntinos.

Pour l’heure, 25 pompiers et 10 véhicules sont mobilisés pour évacuer le camp qui héberge actuellement près de 12 700 demandeurs d’asile, quatre fois sa capacité d’accueil. Aucune victime n’est à déplorer, assurent, pour l’heure, les soldats du feu. « Seuls quelques blessés légers avec des problèmes respiratoires dûs à la fumée », précisent-ils.

Près de 500 demandeurs d’asile fuient le camp à pied en direction du port de Mytilène, mais sont bloqués par les véhicules des forces de l’ordre. D’autres se sont abrités dans les collines environnant le camp.

« L’île de Lesbos est déclarée en état d’urgence », a affirmé sur la chaîne de télévision publique ERT, le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas. Une réunion gouvernementale, avec le Premier ministre et le chef de l’État-major, doit se tenir mercredi matin « pour examiner la situation à Moria et les mesures qui vont être prises ».     

« Le feu s’étend rapidement »           

Selon le site d’information locale LesvosPost, plus de 3 000 tentes, des milliers de conteneurs, des bureaux de l’administration et une clinique au sein du camp ont été brûlés.

Stand by Me Lesvos, une association regroupant locaux et réfugiés, s’alarme sur Twitter : « Tout brûle, les gens fuient ». « Certains témoignages rapportent que des locaux bloquent le passage [des réfugiés] dans le village voisin », ajoute aussi l’association.

« Depuis plusieurs heures, des grands feux entourent le centre de réception. Les foyers se multiplient […] et avec la force du vent [7-8 sur l’échelle de Beaufort], le feu s’étend rapidement », commente sur sa page Facebook l’association des habitants de Moria et des autres villages environnants.

« La zone paie le prix de l’indifférence et de l’abandon », poursuit l’association des habitants qui appelle les autorités à agir rapidement pour trouver une solution pour les demandeurs d’asile qui seront sans abri après l’incendie.

35 cas de Covid-19

D’après l’agence de presse grecque ANA, les feux auraient été déclenchés suite à la révolte de certains demandeurs d’asile qui devaient être placés en isolement, ayant été testés positifs au coronavirus ou proches d’une personne ayant été détectée positive.

Les pompiers rapportent également dans leur communiqué avoir « été empêchés d’entrer dans le camp pour intervenir » par certains groupes de réfugiés à leur arrivée dans le camp, et avoir fait appel aux forces de l’ordre pour pouvoir poursuivre l’opération de sauvetage.

La semaine dernière, les autorités ont détecté un premier cas de coronavirus dans le camp de Moria et ont mis le camp en quarantaine pour quinze jours. Après la réalisation de 2 000 tests de dépistage, 35 personnes ont été détectées positives au Covid-19 à Moria.

« Seulement une personne a présenté des symptômes, les trente-quatre autres sont asymptoptiques », a assuré le communiqué du ministère grec des Migrations. « Les trente-cinq personnes positives au coronavirus ont été transportées dans un espace prévu pour leur isolement », a aussi précisé le ministère.

Avec l’incendie, « tout le monde s’est dispersé et les cas positifs se sont mélangés aux autres désormais », s’inquiète mercredi matin une source policière à Lesbos.

De strictes mesures de circulation ont été imposées dans les camps de migrants depuis la mi-mars.

Le gouvernement n’a jamais levé ces restrictions malgré les critiques des ONG de droits de l’homme jugeant ces mesures « discriminatoires », alors que la décision a été prise de déconfiner le pays début mai.

Manque d’hygiène et surpeuplement

Ces ONG dénoncent l’enfermement des demandeurs d’asile dans ces structures qui ne sont pas adaptées pour mettre en place les mesures barrières nécessaires.

Le camp de Moria a été ces dernières années à maintes reprises décrié pour son manque d’hygiène et son surpeuplement par les ONG qui appellent régulièrement les autorités grecques à transférer les demandeurs d’asile les plus vulnérables vers le continent.

Les émeutes et bagarres sont devenues quasi quotidiennes dans le camp de Moria. De janvier à fin août, cinq personnes ont été poignardées dans plus de quinze attaques. En mars 2020, une fillette avait perdu la vie dans un conteneur brûlé. En septembre 2019, deux personnes étaient également décédées dans un incendie.

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