Les Brésiliens sont appelés à trancher entre l’extrême droite et la gauche, après trois semaines d’une campagne pour le second tour entachée de violences et d’insultes et dominée par des fausses informations. Les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche à 8h, heure locale (11h TU).

L’écart entre Jair Bolsonaro et Fernando Haddad se resserre, selon les derniers sondages publiés samedi 27 octobre au soir, mais le candidat d’extrême droite reste le grand favori de ce scrutin. Même en reculant un peu, il garde une avance confortable de plusieurs points – 6 selon l’institut Ibope et 8 selon Datafolha. De quoi mettre le champagne au frais et penser à la suite.

L’équipe du candidat est déjà en discussion avec l’entourage du président Michel Temer afin de préparer la transition. Jair Bolsonaro, lui, n’a pas changé sa routine et a passé le dernier jour de la campagne à la maison. L’ancien capitaine de l’armée a posté des messages sur les réseaux sociaux, destinés à modérer un peu son discours. « On peut changer le pays tout en respectant la Constitution », a-t-il notamment tweeté.

A forma de mudarmos o Brasil será através da defesa das leis e da obediência à Constituição, Assim, NOVAMENTE, ressaltamos que faremos tudo na forma da Lei! Qualquer forma de diferenciação entre os brasileiros não pode ser admitida. Todo cidadão terá seus direitos preservados.

Il y a trois jours, Jair Bolsonaro avait déjà rectifié sa position sur le climat. « Il n’est plus question de quitter les accords Paris », a-t-il fait savoir. Rétropédalage également sur une autre proposition très critiquée, à savoir la fusion du ministère de l’Agriculture avec celui de l’Environnement. Plus surprenant encore de la part du député du PSL connu pour ses déclarations racistes, misogynes et homophobes : il a annoncé un discours pacificateur et rassembleur en cas de victoire.

Une victoire à laquelle Fernando Haddad veut également croire, malgré l’échec de rassembler une large alliance de partis derrière lui. Ciro Gomes, le candidat du centre gauche, a finalement refusé de le soutenir officiellement. Petite consolation, samedi 27 octobre, l’ancien président de la Cour suprême a déclaré voter pour lui. Joaquim Barbosa est devenu célèbre après avoir mis en prison plusieurs dirigeants du PT dans l’affaire de corruption dite de Mensalao.

Alors que Jair Bolsonaro poursuivait sa campagne sur les réseaux sociaux depuis sa maison à Rio, son rival Fernando Haddad a participé à une marche pour la paix à São Paulo. « Le changement a commencé », a scandé la foule accompagnant le candidat du Parti des travailleurs lors de sa visite dans la favela Heliopolis, la plus grande de la ville. Les sympathisants, presque tous vêtus de blancs, veulent croire à une possible victoire de leur candidat.

« Nous sommes ici pour lutter. Pour que Haddad puisse poursuivre le projet de Lula. La situation se retourne à notre avantage. C’est notre rêve. Et nous ne pouvons pas perdre cet espoir », affirme Paulo Vicente, un habitant de la favela. Un espoir que nourrit également une autre habitante, Maria Eva de Carvalho : « Je suis originaire de la région du Nordeste, de l’Etat de Piauï. Je fais partie du mouvement des sans-toits, même si moi, j’ai déjà obtenu ma maison. Grâce au mouvement et à Lula que je remercie beaucoup ! »

L’avocate Denilda, engagée dans les mouvements sociaux, a passé l’après-midi dans le centre-ville de São Paulo à distribuer des tracts et à discuter avec des gens dans le but de les convaincre de ne pas voter en faveur de Jaïr Bolsonaro.

Denilda, avocate engagée dans les mouvements sociaux.

« Je travaille comme bénévole pour cette campagne du second tour. Au premier tour, je n’ai pas voté pour le Parti des travailleurs. Mon candidat était Ciro Gomes du centre gauche, explique-t-elle. Mais à présent il s’agit de barrer la route à l’obscurantisme qui nous attend avec un président Bolsonaro. Donc mon candidat s’appelle Fernando Haddad. Je crois qu’il a encore une chance de gagner. Ces dernières semaines, les gens ont commencé à regarder de plus près les programmes des deux candidats. Et on s’aperçoit que, selon les sondages, l’écart se réduit entre les deux. Donc nous, on va lutter jusqu’à la dernière minute. Nous, nous défendons la démocratie. Si Jair Bolsonaro est élu, nous respectons ce choix et nous espérons que lui aussi respecte la Constitution, les institutions et l’Etat de droit. »

Debout sur un petit camion qui tente de cheminer à travers la foule, Fernando Haddad traverse une partie de la favela. Encore une fois, il met en garde contre les dérives autoritaires de Jair Bolsonaro : « Les gens doivent se rendre compte qu’avec Jair Bolsonora ce sera un grand saut dans l’obscurité », a martelé le candidat du PT.

Fernando Haddad qui a été critiqué pour avoir négligé les classes les plus pauvres. Raison pour laquelle il a choisi de clôturer sa campagne par une mobilisation des électeurs traditionnels de son parti.

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