Après six mois de silence, le président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui se remet d’un accident vasculaire cérébral (AVC), s’est affiché samedi soir comme maître du jeu politique en annonçant un remaniement ministériel.

Dans un discours enregistré de huit minutes diffusé par la télévision nationale, il a déclaré avoir demandé à son Premier ministre la formation d’un nouveau gouvernement plus restreint, constitué de femmes et d’hommes prêts à donner « la priorité à l’intérêt général » et « capable de faire preuve d’exemplarité ». Il a fait cette annonce alors que le « kévazingogate », un trafic de bois précieux, a viré récemment au scandale politique.

« Le ménage doit être fait au sein de notre classe politique, au sein de laquelle le mot éthique doit résonner avec force », a-t-il ajouté. « Ceux qui se mettent en travers de cette voie sont prévenus: ils seront sèchement écartés », a averti M. Bongo, au pouvoir depuis 2009 dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale.

Il s’agit de la première allocution à la nation du président Bongo depuis décembre 2018, après avoir été victime d’un AVC fin octobre de la même année, et dont il se remet actuellement.

« Comme vous le savez, je viens de traverser une période difficile de ma vie », a déclaré M. Bongo au sujet de sa santé. « Vaincre de telles épreuves, a-t-il dit, renforce votre détermination à poursuivre vos aspirations et à tout mettre en œuvre pour les concrétiser ».

Vêtu d’un costume bleu marine et portant une cravate bleu ciel, M. Bongo, 60 ans, s’exprimait depuis son bureau, joignant le geste à la parole avec ses deux mains.

Après cinq mois de convalescence à l’étranger à la suite de son AVC, Ali Bongo est rentré le 23 mars à Libreville pour un « retour définitif ».

Ce retour devait notamment faire taire l’opposition qui réclamait depuis son AVC que la vacance du pouvoir soit déclarée et s’interrogeait sur la capacité du président Bongo à diriger le pays.

Mais le discours prononcé samedi par le chef de l’Etat n’a pas convaincu l’un de ses opposants.

« Il y a eu une utilisation abondante de ciseaux pour faire le montage de cette vidéo », a affirmé à l’AFP l’un des représentants de la société civile, Marc Ona. « Pour convaincre les Gabonais de sa capacité à continuer à diriger le pays, il aurait fallu organiser une conférence de presse avec les journalistes », a estimé cet opposant.

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