Donald Trump a décrété vendredi 31 janvier, de nouvelles restrictions pour l’accès aux Etats-Unis de ressortissants de six Etats supplémentaires, dont le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique, dans le sillage de son très controversé décret anti-immigration.
La nouvelle mesure, qui entre en vigueur le 22 février, concerne également la Birmanie, l’Erythrée, le Kirghizstan, le Soudan et la Tanzanie, ont annoncé des responsables de l’administration américaine. Le Bélarus, qui avait été évoqué par le Wall Street Journal et où le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo se rend dans les prochains jours, n’est finalement pas visé.
Le président des Etats-Unis avait annoncé dès la semaine dernière, en marge du Forum économique mondial de Davos, son intention d’allonger la liste des pays visés par son décret anti-immigration, dévoilé juste après son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017.
«Nous devons rester en sécurité. Notre pays doit être en sécurité», avait plaidé le milliardaire républicain, qui a fait de la lutte contre l’immigration un de ses principaux chevaux de bataille pour son élection il y a quatre ans comme pour sa campagne en vue d’un second mandat au scrutin de novembre.
«La décision du président découle d’une évaluation complète et systématique menée par le département de la Sécurité intérieure», a expliqué vendredi à la presse un responsable gouvernemental, sous couvert de l’anonymat. Il a estimé que les pays concernés s’étaient montrés «incapables» ou «non disposés» à «adhérer» à certains critères «de base» en matière de partage de renseignements, de sécurité nationale et de sécurité publique.
«Muslim ban»
Le décret anti-immigration de 2017 visait principalement des pays à majorité musulmane et interdisait à leurs ressortissants toute entrée sur le territoire américain. Immédiatement baptisé «muslim ban» ou «décret anti-musulmans» par ses détracteurs, il avait provoqué de très vives critiques aux Etats-Unis comme au sein de la communauté internationale.
La mesure a été combattue en justice lors d’une âpre bataille qui a obligé le gouvernement à revoir sa copie à plusieurs reprises. L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), en pointe de la lutte contre le texte, a tenté de prouver l’existence de préjugés antimusulmans durables chez Donald Trump, en rappelant sa promesse de campagne, qui avait provoqué un émoi planétaire, d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux musulmans.
La Cour suprême des Etats-Unis a finalement validé mi-2018 une troisième mouture du décret anti-immigration qui interdit le territoire américain de façon permanente aux ressortissants de six pays: Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie et Corée du Nord. Le Venezuela a été ajouté à la liste mais uniquement pour les responsables du camp du président Nicolas Maduro, honni de Washington.
La nouvelle mesure est moins générale et ne concerne pas les déplacements pour tourisme ou affaires. Elle ne vise que «certaines catégories de visas d’immigration afin de mettre l’accent sur des personnes qui veulent s’installer aux Etats-Unis, pas celles qui veulent seulement s’y rendre en visite», a assuré un responsable. «Les membres de la famille pourront toujours rendre visite à leurs proches», a-t-il dit.
«Déraisonnable»
L’octroi de visas d’immigration est ainsi suspendu pour les Birmans, les Erythréens, les Kirghizes et les Nigérians, tandis que Soudanais et Tanzaniens ne seront plus éligibles à l’attribution de permis de séjour par tirage au sort.
«Trois ans après son premier décret anti-musulmans censé être temporaire, l’administration Trump confirme cette interdiction et l’étend pour inclure des ressortissants de six autres pays», a néanmoins déploré la puissante ACLU, appelant le gouvernement à mettre fin à cette politique.
L’organisation non gouvernementale Refugees International a jugé «déraisonnable et non nécessaire de restreindre l’immigration de manière si généralisée sur la base de la nationalité, de la race ou de la religion». Et les élus démocrates ont aussi condamné la nouvelle liste, qui risque d’alimenter la polémique.
Le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, une des principales économies africaines, est ainsi attendu lundi à Washington pour le «dialogue stratégique» entre les deux pays. Quant au Soudan, l’administration Trump a affiché un soutien très clair au gouvernement de transition soudanais et négocie un retrait du pays de sa liste noire des pays soutenant le terrorisme.