Le nouveau président congolais Félix Tshisekedi a poursuivi lundi son offensive diplomatique en rencontrant le président du Rwanda Paul Kagame, qui avait émis de « sérieux doutes » au sujet de sa victoire à l’élection du 30 décembre 2018.

« Pendant près de deux heures, les deux chefs d’Etat ont passé en revue les questions de bon voisinage et de franche coopération entre leurs Etats », en marge du sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, a indiqué à l’AFP l’entourage du président congolais

Président en exercice sortant de l’UA, M. Kagame avait demandé le 17 janvier à la Cour constitutionnelle de la RDC la « suspension » de la proclamation des résultats, le temps d’envoyer une délégation à Kinshasa.

Mais la Cour constitutionnelle avait pris de vitesse cette initiative en proclamant la victoire définitive de M. Tshisekedi dans la nuit du 19 au 20 janvier.

Le petit Rwanda (26.000 km2) et l’immense RDC (près de 90 fois plus étendue avec 2,3 millions de km2) entretiennent des relations tendues depuis 25 ans, à la suite du génocide au Rwanda.

Kinshasa accuse Kigali de piller ses minerais (coltan) dans le Nord Kivu. Kigali a dans le viseur le groupe hutu FDLR réfugié dans l’est de la RDC.

A Addis Abeba, le président Tshisekedi a aussi rencontré la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini.

Trois dossiers ont été abordés: le retour à Kinshasa de l’ambassadeur de l’UE Bart Ouvry, invité à quitter le territoire congolais en décembre avant les élections; la réouverture de la Maison Schengen, sorte de consultat européen fermé en janvier 2018 par les autorités congolaises; les sanctions de l’UE envers 14 responsables du régime de l’ex-président Joseph Kabila.

« Je présente, au nom de la RD Congo, mes excuses à Bart Ouvry et à l’UE, et m’engage à le rappeler à Kinshasa et à rouvrir la Maison Schengen, dès mon élection prochaine », avait déclaré M. Tshisekedi pendant la campagne.

Le nouveau président congolais a également abordé avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres l’avenir de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).

Tshisekedi a enfin rencontré plusieurs chefs d’Etat africains, dont le Sud-Africain Cyril Ramaphosa.

Son déplacement à Addis avait été précédé par une tournée régionale à Luanda, Nairobi et Brazzaville.

Tshisekedi voyage avec des responsables de l’ancienne équipe de son prédecesseur Joseph Kabila, car aucun nouveau gouvernement n’a été nommé depuis son investiture le 24 janvier.

Il devra de toutes façons gouverner ensuite avec les pro-Kabila qui ont gardé une vaste majorité à l’Assemblée nationale.

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