L’Italie vit ce mercredi 28 août une journée décisive: soit le Mouvement 5 Etoiles et le Parti démocrate parviennent à s’unir au sein d’un nouveau gouvernement, soit le président annoncera la tenue d’élections.

Après des prises de bec et des rabibochages, le M5S (anti-système) et le PD, première force de gauche, se sont retrouvés mercredi dès 8H00 du matin pour négocier un programme commun et la répartition des postes ministériels.

« Nous travaillons sur le contenu du programme », a précisé avant la réunion le chef du PD à la chambre des députés, Graziano Delrio.

Mais les Cinq Etoiles ont lancé un nouveau pavé dans la mare en annonçant que tout accord de coalition avec le PD devait être approuvé par la plateforme internet de « démocratie représentative » du Mouvement, appelée « Rousseau ». « Le M5S soutiendra le projet uniquement si le vote est positif », a annoncé le chef du M5S, Luigi Di Maio.

Rousseau, gérée par le cabinet de marketing Casaleggio (du nom d’un des fondateurs du M5S) et critiquée pour son opacité, compte 100.000 inscrits, censés représenter des millions d’électeurs (10,7 millions aux législatives de 2018).

Cette condition du M5S constitue « un grave pied de nez aux institutions », ont déploré des sources au Parti démocrate, même si le chef de ce parti au Sénat, Andrea Marcucci, a temporisé: « Chacun a ses procédures ».

Le président Sergio Mattarella a poursuivi mercredi un deuxième round de consultations de la classe politique, pour étudier la possibilité d’une nouvelle majorité.

Cela fait trois semaines que la péninsule est plongée dans une crise politique, avec d’abord le dynamitage le 8 août par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue et leader d’extrême droite, de la précédente coalition formée avec les Cinq Etoiles, puis la démission le 20 août du chef du gouvernement Giuseppe Conte.

L’idée d’une alliance entre le PD et le M5S a été lancée par l’ex-Premier ministre Matteo Renzi (février 2013-décembre 2016) avec pour projets de base: la réduction du nombre de parlementaires et un budget 2020 capable d’éviter une hausse de la TVA prévue l’an prochain, très pénalisante pour les consommateurs.

Depuis, le programme s’est enrichi d’une quinzaine de propositions des deux camps qui convergent globalement sur une relance de la poussive croissance italienne avec une attention pour les plus faibles et l’environnement, et une cure d’amaigrissement du Parlement.

– Des fauteuils très prisés –

Les points d’achoppement résident plutôt dans l’attribution des fauteuils ministériels.

Selon les médias, le PD, qui réunit son état-major mercredi, devrait lever officiellement son veto à une reconduction de M. Conte, auquel il était réticent à cause de son silence pendant 14 mois face aux diktats anti-migrants de Matteo Salvini. Le M5S a exercé une très forte pression sur le PD pour obtenir son maintien.

M. Conte, très populaire en Italie, a en outre été soutenu ces derniers jours, d’abord par les Européens au G7 de Biarritz (France) puis lundi par le président américain Donald Trump, qui l’a qualifié « d’homme très doué ».

Premier parti au Parlement depuis les législatives de 2018 (32% des suffrages), le M5S entend peser aussi sur la répartition des ministères.

Selon les médias, le PD, lui, aurait demandé de choisir un certain nombre de ministères, dont l’Economie et les Affaires étrangères. Une attitude qui a permis à M. Salvini de se moquer de tractations « non pas sur des projets mais des fauteuils ». Si cette coalition aboutissait, ce serait en tout cas un cinglant revers pour l’ex-homme fort du gouvernement, qui escomptait un triomphe lors d’un scrutin anticipé.

Autre problème: le sort de M. Di Maio, complètement laminé médiatiquement par M. Salvini en 14 mois d’alliance, et très affaibli dans la crise actuelle.

Il voudrait rester vice-Premier ministre mais le PD considère que, si M. Conte, proche du M5S, est Premier ministre, il ne peut y avoir qu’un seul numéro deux, issu du camp social-démocrate.

Si on ne lui présente pas un accord de « majorité solide », le président Mattarella a déjà prévenu qu’il décidera d’un retour aux urnes. Une perspective qui l’inquiète car l’Italie, troisième puissance européenne, est très endettée et à l’arrêt, dans un contexte de ralentissement économique international, et de tensions commerciales.

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