Une adolescente de 15 ans a été tuée lundi et au moins une personne a disparu après l’effondrement d’un pont routier suspendu enjambant le Tarn à Mirepoix-sur-Tarn, près de Toulouse, relançant les questions sur l’état de dangerosité des ponts en France.
Le procureur de Toulouse Dominique Alzéari a fait état à la mi-journée d’une « disparition d’une personne qui est le conducteur du véhicule lourd qui s’est engagé sur le pont ».
Il y avait aussi « les occupantes d’une Renault Clio venant en face avec une mère de famille qui a pu surnager et être sauvée par des témoins et malheureusement sa fille de 15 ans qui est décédée », a ajouté le magistrat.
« Nous recherchons actuellement le chauffeur de ce poids-lourd et nous vérifions aussi et surtout s’il n’y a pas d’autre véhicule impliqué ce qui ne semble pas être le cas pour le moment, sous toute réserve », a-t-il précisé.
Dans un premier temps, les autorités avaient fait état d’un éventuel troisième véhicule avec « probablement » plusieurs disparus. Le fleuve est très profond à cet endroit, plus de 20m, pour 100 m de large, et des plongeurs sont sur place.
Le pont de structure métallique, datant de 1931, avait « fait, semble-t-il, l’objet d’un suivi correct », selon lui. L’ouvrage ne présentait « aucun problème de structure » lors de sa dernière inspection « détaillée en 2017 » selon le Conseil départemental. Le dernier contrôle a eu lieu en décembre 2018.
« Nous faisons des perquisitions chez le transporteur », a ajouté le procureur. Selon le Conseil départemental, il s’agit d’une « entreprise de forage ».
– « A priori un véhicule lourd » –
Selon un bilan de la préfecture à 10H30, « une personne est décédée, trois personnes en urgence relative dont des témoins qui ont tenté de porter secours aux victimes et deux urgences relatives parmi les sapeurs-pompiers ».
Le camion, retrouvé, est « apparemment un porte-char, ce type de véhicule transporte des grues. A priori, c’est un véhicule lourd », a indiqué le maire de Mirepoix, Eric Oget qui ne sait pas s’il fait plus ou moins que 19 tonnes, la limite autorisée sur ce pont.
« Aucun phénomène climatique récent » ne peut être mis en cause, a-t-il assuré.
« Ces ponts sont interdits aux véhicules de plus de 19 tonnes mais il est fréquent que des camions de plus gros tonnage les empruntent », a pour sa part relevé le président de la Communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin.
– « Bus scolaires » –
Ce drame « illustre malheureusement » les conclusions de la mission d’information sénatoriale sur la sécurité des ponts, à savoir qu’il y a « une vraie dangerosité de l’état de nos ponts », a déclaré son président Hervé Maurey à l’AFP.
Pour M. Maurey, « un des problèmes est qu’aujourd’hui on ne connaît pas l’état des ponts en France ». La mission d’information a appelé fin juin à « un +plan Marshall+ pour éviter un drame », réclamant un audit des ponts.
Selon le conseil départemental de Haute-Garonne, dont dépend l’entretien de l’ouvrage, ce pont « n’était pas répertorié comme un ouvrage sensible » et ne bénéficiait pas d’une surveillance particulière.
Le pont mesure 155 mètres de long et 6,50 mètres de large. « Une inspection détaillée avait été faite en 2017 et n’avait révélé aucun problème de structure », avec seulement des « désordres de type évolutif normaux », selon le Conseil départemental.
« On le prend tous les jours ce pont. C’est pas possible que ça arrive ! On était loin de s’imaginer que le pont pouvait s’effondrer. Les bus scolaires venaient juste de passer le pont. Mon ainé venait de partir au collège de Bessières », témoigne avec des sanglots dans la voix Audrey Laujac, 36 ans, aide à domicile qui habite à 100 mètres.
Le Sénat avait mis en place la mission d’information sur la sécurité des ponts après l’effondrement d’un viaduc à Gênes (Italie) le 14 août 2018 à Gênes, qui avait fait 43 morts.
Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez et la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon sont attendus sur place dans l’après-midi.