Après une crise politique inédite, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte et les membres de son nouveau gouvernement, qui réunit les sociaux-démocrates et le mouvement Cinq Étoiles, ont prêté serment ce jeudi.
Après un mois d’une crise politique estivale inédite déclenchée par Matteo Salvini, le nouveau gouvernement italien de Giuseppe Conte a prêté serment, jeudi 5 septembre, devant le président Sergio Mattarella. Les 21 ministres – sept femmes et quatorze hommes – ont prononcé la formule traditionnelle, jurant d’être fidèles à la République, la Constitution et aux lois, le premier à le faire étant Giuseppe Conte.
Après avoir rencontré le chef d’État italien, le Premier ministre, reconduit à son poste, avait annoncé, mercredi, la composition de ce nouveau gouvernement, savant équilibre entre les inclassables Cinq Étoiles et les sociaux-démocrates.
L’Italie au bord de la récession
Le poste stratégique de ministre de l’Économie et des Finances a été confié à l’actuel président de la commission des Affaires économiques au Parlement européen Roberto Gualtieri, un membre éminent du Parti démocrate.
L’Italie, la troisième puissance de la zone euro, très endettée (132 % du PIB) et au bord de la récession, doit trouver des fonds pour éviter une hausse de la TVA l’an prochain. Rome a aussi entretenu des relations difficiles avec Bruxelles ces derniers mois et évité de justesse une procédure d’infraction pour déficit public excessif. Roberto Gualtieri sera aux avant-postes pour tenter d’obtenir un adoucissement des règles communautaires.
Luigi Di Maio aux Affaires étrangères
Jusqu’ici vice-Premier ministre et ministre du Développement économique, le chef du Mouvement 5 Étoiles (M5S), Luigi Di Maio, décroche le prestigieux portefeuille des Affaires étrangères. Un poste en forme de lot de consolation car il s’était montré déterminé ces derniers jours à conserver son fauteuil de numéro deux du gouvernement. Une femme, l’ex-préfète de Milan, Luciana Lamorgese, a été choisie pour la délicate tâche de succéder au ministère de l’Intérieur au chef de la Ligue, le souverainiste Matteo Salvini, qui a considérablement durci la politique de l’Italie à l’enconter des migrants et des ONG qui les aident.
Giuseppe Conte s’est attaché à former une équipe respectant l’équilibre entre deux forces politiques qui s’étaient jusqu’ici toujours combattues. Pour l’important poste de ministre de la Défense, il a nommé un poids lourd du Parti démocrate Lorenzo Guerini. Le Premier ministre a aussi propulsé la numéro deux du PD, Paola De Micheli, aux Infrastructures et aux Transports, et une autre femme, Nuncia Catalfo, au ministère du Travail, cette dernière y succédant à Luigi Di Maio.
« La stabilité de l’Italie est une valeur pour l’UE »
Autre homme fort du Parti démocrate, un temps pressenti pour être le vice-Premier ministre de Giuseppe Conte, Dario Franceschini retrouve le portefeuille de la Culture dont il était titulaire entre 2014 et 2018, dans des gouvernements de centre gauche dirigés successivement par Matteo Renzi, puis Paolo Gentiloni. Les Cinq étoiles conservent certains ministères comme la Justice (Alfonso Bonafede), l’Environnement (Sergio Costa) et le Développement économique (Stefano Patuanelli).
« La stabilité de l’Italie est une valeur pour l’Union européenne. Bon courage au nouveau gouvernement que nous attendons à Bruxelles », a écrit sur Twitter le président social-démocrate du Parlement européen, l’Italien David Sassoli.
Le gouvernement devra obtenir la confiance au Parlement : lundi à la Chambre des députés et mardi au Sénat, d’après les médias italiens. Selon des projections, la nouvelle coalition disposerait de 167 élus au Sénat (sur 315) et de 347 à la Chambre (sur 630), soit la majorité absolue dans chacune des assemblées.
« C’est un gouvernement né sur la peur de lâcher son fauteuil, sans dignité, sans idéal », a dénoncé Matteo Salvini, déjà parti en campagne pour essayer de le faire tomber avant la fin de la législature au printemps 2023.