Au Mali, le centre est devenu la zone la plus dangereuse du pays, selon un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme et de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH). Environ 40% de toutes les attaques au Mali y sont recensées. Si les conflits au centre notamment entre communautés peules, dogons, bambaras et bozos ne sont pas nouveaux, le conflit au centre s’est largement envenimé. Près de 1200 personnes auraient été tuées depuis deux ans et près de 30000 déplacés et réfugiés.
Il y a plusieurs facteurs, selon les deux ONG, qui peuvent expliquer une telle détérioration de la situation. Il y a d’abord la présence accrue de la katiba du Macina, dirigé par Amadou Koufa, présenté comme l’un des lieutenants de Iyag Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Plusieurs exemples d’enlèvements ou d’exécutions sommaires de représentants de l’Etat, des imams, des chefs de village ou même d’habitants considérés comme des « collaborateurs » des autorités sont relatés dans le rapport. Tout comme des témoignages de viols, parfois collectifs, pratiqués par ces présumés jihadistes. « Des dizaines de villages vivent sous leur joug », lit-on dans le rapport. Lorsqu’ils contrôlent une zone, ils mettent en place leur système d’impôt ou de justice et ferment les écoles publiques. En mars 2018, près d’une école sur trois (264 sur 682) était fermée dans l’académie de Mopti, selon les chiffres de l’administration.
Il y a ensuite les créations de milices communautaires. Comme Da Na Ambassagou, milice dogon créée en 2016, et l’Alliance pour le salut du Sahel, milice peule créée début 2018. Ces groupes armés qui défendent leur ethnie ou communauté s’attaquent à des civils, générant parfois des massacres. Selon le document, au moins 500 personnes auraient été tuées, 50 villages brûlés entre janvier et août en raison d’affrontements communautaires.
Et il y a enfin les forces armées maliennes qui, selon cette enquête, sont responsables d’environ 20% des violations des droits humains, depuis le début de l’année. Responsable d’une « caravane de la mort », une opération antiterroriste, appelée Dambe, lancée en 2017. Au cours de six opérations ciblées entre février et juillet 2018 à Sokolo, Dioura, Finadje, Dogo, Boulikessi et Nantaka, au moins 67 personnes auraient été exécutées sommairement et il y aurait au moins six fosses communes. La réponse des autorités n’est pas parvenue à l’AMDH et la FIDH à l’heure de conclure leur rapport.
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