Environ 18 millions d’élèves, de la maternelle au lycée, sont concernés par cette mesure. En période d’épidémie de Coronavirus, le gouvernement kenyan a décidé de fermer les écoles jusqu’en janvier 2021.
Confronté à l’évolution inquiétante de l’épidémie -le pays a recensé près de 27.000 cas pour plus de 400 décès- le gouvernement a annoncé en juillet, que l’année scolaire 2020 était considérée comme «perdue». Les examens ont été annulés, et les élèves du primaire et du secondaire reprendront l’an prochain dans la même classe que cette année. Au Kenya, l’année scolaire court de janvier à octobre.
La fermeture des écoles, où sont souvent distribués des repas gratuits, a aussi eu pour effet d’appauvrir encore plus les parents. «Ce n’est pas facile, parce que je dois payer le loyer, nourrir mes enfants», remarque Lilian Adhiembo, une mère d’élève veuve qui gagne à peine 200 shillings (1,5 euro) par jour en vendant du charbon de bois. En zone rurale également, l’impact est fortement ressenti par les familles. Même si le gouvernement a demandé aux écoles de rembourser les frais de scolarité ou de les reporter sur l’année prochaine, certains craignent que ce ne soit pas le cas.
Les établissements et le personnel éducatif sont aussi durement affectés. Le privé, qui rassemble 2,3 millions d’élèves dans le primaire, est le plus touché. Sans leur principale source de revenus, les frais de scolarité, certaines écoles privées ont du mal à payer leurs factures et leur personnel. Certains enseignants du privé ou contractuels publics n’ont pas été payés depuis des mois et ont dû trouver des emplois alternatifs pour survivre.
Début août, 126 écoles privées avaient déjà fait savoir qu’elles ne rouvriraient pas leurs portes en janvier, selon l’Association kényane des écoles privées (KPSA), qui craint que ce chiffre ne fasse qu’augmenter. Or dans le système kényan, le privé est souvent là pour pallier les défaillances du public, notamment dans les zones les plus défavorisées. «Le gouvernement seul ne peut pas garantir l’éducation pour tous ses citoyens», constate Peter Ndoro, le président de la KPSA.
Si le secteur privé n’est pas soutenu, «cela mettra notre système éducatif en danger», prédit-il. Les enfants devront basculer dans le public et «s’ils vont là-bas, comment allons-nous gérer la distance sociale, la distance physique ? Il va y avoir un gros problème».
En fermant les écoles pour l’année, le gouvernement a fait primer la santé publique tout en se donnant un peu de temps pour organiser la rentrée. Mais dans des écoles publiques où peuvent parfois s’amasser dans la même classe une centaine d’élèves, le défi restera immense en temps de Covid-19.