Mal à cacher leur déception en devenant le premier pays à repartir bredouille pour la cinquième fois dans cette quête. Le Royaume chérifien avait déjà échoué dans ses tentatives en 1994 (face aux Etats-Unis), en 1998 (face à la France), en 2006 (face à l’Allemagne) et en 2010 (face à l’Afrique du Sud).
Si les Marocains se disaient alors prêts à repartir pour une sixième tentative, l’idée de s’associer à d’autres pays commençait à faire son chemin. Mais avec qui ? L’idée d’une association à trois avec l’Algérie, voire la Tunisie, a vite été avancée. Mais le Maroc l’a écartée fin août devant les problèmes politiques qu’un tel projet ne manquerait pas de soulever.
Un projet impossible pour le Mondial 2026
C’est alors que l’idée d’un rapprochement avec l’Espagne a commencé à prendre de l’épaisseur. Certes, les deux pays appartiennent à des continents et des confédérations différentes. Un obstacle qui a empêché d’envisager une telle association pour 2026, les pays européens étant alors interdits de candidature (comme les asiatiques) en raison de la proximité temporelle avec les coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar).
Mais ce ne sera plus le cas pour les Européens pour 2030. Et puis, l’Espagne cherche depuis un bon moment à organiser un grand événement sportif. Après les échecs répétés de Madrid pour accueillir les Jeux olympiques en 2012 (face à Londres), en 2016 (face à Rio) et en 2020 (face à Tokyo), après le choix de la FIFA en 2010 de préférer la candidature de la Russie au détriment de celle, conjointe, de l’Espagne et du Portugal pour le Mondial 2018, les autorités espagnoles se disaient prêtes ces derniers mois à tenter l’Euro 2028 ou mieux encore la Coupe du monde 2030. Un horizon qui semble passablement bouché, tant les candidats se bousculent : l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay d’un côté ; la Chine, voire une candidature britannique…
L’union fait la force
Devant une bataille qui s’annonce rude, s’associer plutôt que rivaliser pourrait s’avérer payant. Et c’est là que le Portugal pointe son nez, puisque l’Espagne tenait de toute façon à renouveler son association avec son voisin. Malgré les réticences initiales de la Fédération espagnole, dirigée par Luis Rubiales, un rapprochement s’opérait dès le mois d’août, avec la délocalisation de la Supercoupe d’Espagne à Tanger, avec un grand succès populaire autour du match entre le FC Barcelone et le Séville FC. L’occasion pour Rubiales d’échanger en tête à tête avec son homologue marocain Fouzi Lekjâa.
L’idée d’une candidature à trois était ensuite évoquée avec le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez à l’occasion d’une visite à Madrid de Gianni Infantino, le président de la FIFA. Luis Rubiales s’engageait alors à faire une étude « sérieuse » autour d’une éventuelle candidature à trois avec le Maroc et le Portugal.
Difficile à dire si une telle candidature verra finalement le jour. Mais la visite de Pedro Sanchez à Rabat a permis de lui faire franchir un grand pas. Plusieurs arguments semblent plaider pour un projet qui aurait évidemment une grande portée symbolique en associant pour la première fois les deux rives de la Méditerranée. Et si l’Espagne et le Maroc appartiennent à deux continents différents, le fait est que les deux pays ne sont qu’à 14 kilomètres de distance au point le plus proche. L’effort à accomplir pour mettre les infrastructures à la hauteur d’un Mondial à 48 pays seraient bien sûr beaucoup plus faciles à assumer à trois, malgré les difficultés d’une telle co-organisation.
Reste désormais à s’atteler à la rédaction d’un projet, avec bien des susceptibilités à gérer. A commencer par qui accueillera le match d’ouverture et la finale. En tout cas, le dossier de candidature devra être prêt début 2021…